PRESTIGE AUDIO VIDEO, novembre 1997
Par Patrick Vercher et Richard Valienne
Test de l'ampli Lavardin Model IT
Les électroniques Lavardin Technologie ont une longue histoire. Elles sont le fruit des recherches obstinées et opiniatres d'un véritable électronicien de "haut vol" qui avec une grande ouverture d'esprit n'a pas hésité à remettre en question les certitudes des mesures des amplificateurs à partir de signaux sinusoidaux, suite à des écoutes comparatives entre la qualité musicale des amplis à tubes et celle d'amplificateurs à transistors dont la distorsion est pourtant nettement inférieure à celle de leurs homologues à lampes...
UNE REALISATION RIGOUREUSE :
L'intégré Lavardin Technologies Model IT se présente sobrement, sans luxe ostentatoire. Le coffret est réalisé par l'assemblage très précis d'une robuste facade en aluminium de 1cm d'épaisseur usiné dans la masse avec bords arrondis et arêtes abattues, avec les immenses radiateurs latéraux aux ailettes non contondandes, l'ensemble ajusté avec précision sur la base d'un chassis indéformable par l'intermédiaire de vis Alen encastrées affleurant la surface du coffret. Cette robuste constitution mécanique met en confiance et nous change des coffrets approximatifs de bien des intégrés soit-disants de haut de gamme. Les boutons sont usinés dans la masse eux aussi et présentent une très belle esthétique avec un excellent feeling dans leur rotation. Delui de gauche sélectionne les sources qui sont commutées par relais, disposées à proximité immédiate des prises Cinch d'entrée de haute qualité (type Tiffany).
Ainsi la modulation ne traverse pas tout l'appareil mais attaque directement les étages d'entrée qui comprennent aussi les circuits de gain et les étages driver. Cet intégré peut traiter quatre entrées ligne qui font toutes l'objet d'une commutation intégrale de la masse et du signal pour chaque canal, ainsi seule la source sélectionnée est réellement en liaison électrique avec l'amplificateur. Nous avons pu le constater, il n'y a pas de diaphonie entre les sources, celle en liaison et celle sélectionnées...
De même le potentiomètre Alps double cage est lui aussi rejeté à l'arrière de l'intégré à proximité immédiate de ces entrées. Le renvoi vers l'avant s'effectue par une longue tige avec adaptateur mécanique. L'alimentation au centre est gigantesque par rapport à la puissance annoncées. Le transformateur de type totoidal de 350VA est totalement blindé dans un boitier qui est suspendu par quatre silent-blocs. Les secondaires séparés pour les canaux droit et gauche attaquent le pont de redressement et le filtrage totalisant 80.000 uF. Les diverses tensions sont acheminées vers les cartes par des fils nappés...
La qualité des circuits et des composants fait plus penser à celle d'un appareillage de mesures de haute précision. Félicitations à cette jeune équipe pour l'extreme rigueur de conception de cet intégré où la théorie a été mise en pratique avec beaucoup de bon sens et de soin.
CONDITIONS D'ECOUTE ET ANALYSE SUBJECTIVE.
Cet intégré risque de faire l'effet d'une bombe une fois que vous l'aurez écouté.
Basé sur des recherches rigoureuses remettant en cause de nombreux postulats établis aussi bien au niveau des mesures que de l'écoute en haute fidélité. Depuis des années, nous avions suivi de près la démarche du concepteur ainsi que l'évolution de ses nombreux prototypes, mais il faut l'avouer, la version définitive, commercialisée, de l'intégré Lavardin Model IT , nous a laissé pantois par ses qualités musicales de restitution évidentes, son "plus" au niveau du suivi mélodique, de la facilité déconcertante qu'il a à démeler les écheveaux les plus ténus et compositions musicales complexes.
Nous l'avons écouté avec plusieurs types d'enceintes allant des Klipschorn aux Quad ESL 63 en passant par nos systèmes à très haut rendement habituels (Altec) et Thiel CS2.2.
Dans tous les cas de sustèmes à driver, le Lavardin fait toujours preuve de la même superbe musicalité jamais prise en défaut.
Il est extremement rare de constater avec une électronique à transistors une telle transparence, une aussi belle indifférence à la charge. Bien souvent, avec par exemple des transducteurs électrostatiques, les amplificateurs à transistors tirent la restitution vers le haut-médium aigu en amaigrissant les timbres, en procurant aux voix des chanteurs un coté fantome sans aucune matière de timbre.
Au contraire, le Lavardin est d'une vérité surprenante sur les inflexions des voix, avec toujours un caractère mélodieux.
Ainsi sur l'album "All For You" de Diana Krall, avec le Lavardin, la voix de la chanteuse prend une toute autre forme expressive. La justesse de hauteur de timbre de sa voix est extraordianaire au travers de cette électronique qui en étonnera plus d'un. S'il y a quelques années, son concepteur était impréssionné par les subtilités et le naturel des amplis mono triode, avec "son" ampli, il dépasse sur de nombreux points, dans toute la région du bas-médium à l'aigu, en fluidité, transparence, netteté des contours de notes ces références.
Il semble avoir soulevé un rideau entre la restitution et l'auditeur, pour, sans effet de présence marqué, révéler avec force détails toutes les informations d'environnement acoustique. En comparaison, toujours sur le même album, avec d'autres électroniques à transistors, le Lavardin donne une idée beaucoup plus exacte de l'acoustique du studio et en particulier de l'impact des notes du piano sur l'acoustiques du lieu d'enregistrement.
Sur l'album "Conférence de Presse" de Eddy Louiss et Michel Petrucciani, l'ambiance du cabaret du Petit Journal à Montparnasse est rendue avec un caractère beaucoup plus vivant. De plus, la spontanéité de l'interprétation et du dialogue entre les deux interprètes jaillit d'une manière plus évidente, le timing du
rythme est superbement respecté.
Le Lavardin ne traine pas dans le grave, sa capacité dynamique est sans commune mesure avec la puissance mesurée, on penserait plutot écouter un ampli de 200W tant la fulgurance des attaques vous cloue sur place. La parfaite rigueur de phase entre les deux canaux permet d'apprécier les effets "rotatifs" de la cabine Leslie de l'orgue Hammond non pas comme une variation de niveau sur les trémolos mais comme un véritable brassage de grave dans toute la pièce comme dans la réalité. Très rares sont les amplis d'une telle performance pour recréer l'illusion de déplacement.
De même, sur l'album de Sonny Rollings "Saxophone Colossus", sur la plage "St Thomas", le timing de la batterieest d'une rigueur exemplaire. Cela donne envie de claquer des doigts, de bouger de son siège, de s'investir dans l'interprétation. Toute la puissance du saxophone ténor monte sans effet d'écretage, avec un vrai volume, le sentiment d'une généreuse colonne d'air montant dans l'instrument. On est aux antipodes d'une restitution étriquée, pour gouter à la puissance action du thème mélodique.
En passant à des orchestrations complexes telles que celles de la "Messe en C mineur" de Wolfgang Amadeus Mozart par l'ochestre philarmonique de Berlin sous la direction de Herbert Von Karajan, le Lavardin fait preuve d'une richesse d'informations incroyable. Nous pensons que c'est sur ce genre de passage musical extremement difficile faisont intervenir choeurs et orchestre symphonique que l'application des théories sur la distorsion de mémoire prend toute sa valeur par le surcroit de lisibilité, la levée d'un voile sur la tessiture de l'ensemble des voix, le délié dans le suivi mélodique.
Toutes ces informations musicales très complexes qui se superposent en même temps prennent un éclairage nouveau avec ce sentiment d'aération unique que l'on ressent dans la réalité d'une salle de concert... Avec le Lavardin, la transcription est ciselée, car il respecte la vitesse de montée des transitoires, sans tasser la dynamique. A niveau d'écoute domestique, les crescendo passent avec une ouverture totale sans effet de rétrécissement sous forme de canon sonore, réduit aux seuls diamètre des haut-parleurs. L'expression de tous les genres musicaux s'épanouit naturellement au travers de cette électronique réellement hors du commun, apportant une nouvelle approche de l'écoute musicale avec un somptueux équilibre entre de nombreux paramètres le plus souvent contradictoires.
Les interprétations ressortent avec des nuances, des contrastes que ce soit sur les attaques ou les couleurs de timbres à nul autre pareil. Le suivi mélodique évolue avec un respect total du tempo, sans affaiblissement passager même quand le Lavardin est fortement sollicité.
Plus qu'une surprenante réalisation, une révélation, si vous pensez que nous sommes trop dithyrambiques sur cette électronique, un seul conseil, ALLEZ L'ECOUTER, vous constaterez la véracité de nos propos...
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PRESTIGE AUDIO VIDEO, mai 1998
Par Patrick Vercher et Richard Valienne
Le Model IS est un intégré de 2x30W très élaboré. Il se positionne juste en dessous du Model IT dont il reprend, dans les grandes lignes, les principes de conception. Ce Model IT que nous avions testé dans le numéro 27 de Prestige Audio Vidéo en novembre 1997 nous avait séduit par son esthétique sonore d'une rare distinction, réellement convaincante.
CONDITIONS D'ECOUTE et ANALYSE SUBJECTIVE
Le Lavardin Model IS est un appareil hors du commun. Cet intégré symbolise la mise en pratique efficace et convaincante de théories nouvelles sur le comportement des composants électroniques. Avant de procéder à toute écoute, la mise ''en chauffe'' préalable, habituelle, est beaucoup plus rapide avec le Lavardin que pour tout autre amplificateur. La stabilisation en température des composants actifs est un élément essentiel au bon fonctionnement de cet appareil, dont la conception laisse une place prépondérante à la maitrise des distorsions d'origine thermique. Au bout de 10 minutes, il arrive déjà à 80% de son potentiel musical.
Les écoutes du Lavardin Model IS se sont déroulées dans nos conditions habituelles, avec notre système d'enceintes à haut rendement dont nous connaissons parfaitement l'esthétique sonore. Dès les premières notes jouées, on ressent immédiatement une aisance de transcription sonore peu commune. Quel que soit le style de musique écouté, le Lavardin Model IS propose une restitution ample et aérée. La musique est reproduite avec la fluidité d'un cours d'eau. Sur notre disque test Staccato, cet amplificateur nous fait redécouvrir certains morceaux que nous pensions pourtant connaitre par coeur. Avec le Lavardin Model IS, notre écoute analytique est moins ''technique'' que d'habitude. Cet amplificateur nous inspire une écoute plus humaine, plus sentimentale que d'habitude. L'extrait de l'Ave Maria est tout simplement magnifique. On pourrait mettre en avant la finesse de restitution des timbres, la précision de l'amplificateur sur les micro-détails ou encore la transcription réaliste de l'espace sonore avec une image stéréophonique excellente de définition et de stabilité. Ces qualités essentielles à une reproduction de qualité sont communes à de nombreuses électroniques musicales de haut niveau. Ce qui rend le Lavardin Model IS hors du commun réside dans un tout autre domaine, sur un plan émotionnel. Avec cet amplificateur, l'oeuvre musicale acquiert une dimension humaine qui touche l'auditeur au plus profond de lui même. La musique n'est pas simplement diffusée pour être écoutée ; elle s'adresse personnellement à l'auditeur qui se sent réellement impliqué dans l'évènement. On éprouve la sensation de communiquer avec les artistes qui se seraient déplacés pour jouer ici, ''rien que pour nous''. Cette sensation d'implication profonde se concrétise et se renforce tout au long des écoutes. Le Lavardin Model IS est réellement doué pour la restitution des voix et instruments acoustiques. Son caractère coulé, fluide, empreint d'une grande chaleur humaine est parfaitement mis en évidence sur ces sonorités naturelles. Le titre de l'album '' The Poet Game'' de Greg Brown devient évident avec le Lavardin Model IS. On ressent fortement la connotation poétique des interprétations. La voix grave et chaleureuse du chanteur est également veloutée avec cet amplificateur. Les notes perlées jouées à la guitare, s'égrènent comme des gouttes d'eau dans des sonorités cristallines superbement harmonisées par les résonances chaleureuses de la caisse en bois de l'instrument. L'esthétique sonore du Lavardin Model IS est d'une rare élégance, d'un raffinement peu commun. L'excès de neutralité sur une électronique entraine parfois une restitution sonore fade, ennuyeuse. Ce n'est jamais le cas avec le Lavardin qui met parfaitement en avant le caractère émotionnel d'une oeuvre musicale. Cet amplificateur est également très à l'aise pour reproduire la dimension, la puissance d'une grande formation orchestrale. Sur les passages dynamiques de l'Opéra '' Carmina Burana'' de Karl Orff (disque Telarc), le Lavardin Model IS ne semble jamais s'essouffler ; il fournit sans sourciller l'énergie nécessaire à la transcription réaliste des choeurs et instruments dont la puissance acoustique est considérable. Sur les passages les plus violents, l'interprétation reste claire, avec une différenciation très nette entre les voix basses, baryton et ténor. Sur les enregistrements de musique rock, le Lavardin Model IS propose une transcription intéressante. Sa clarté de restitution est bénéfique pour séparer les interprètes les uns des autres. D'autres intégrés à transistors paraissent plus brouillons quand de nombreux instruments, guitares électriques plus synthétiseurs, poussent fort. Même si ces électroniques paraissent plus ''extraverties'' sur la vitesse d'attaque de batterie, de médiator sur les cordes, ils ont tendance à amplifier les timbres. Le terrain de prédilection du Lavardin se situe sur les prises de son en direct dans la transcription exacte des ambiances musicales acoustiques avec un parfait respect des timbres. Le ''grain'' des voix et celui des instruments acoustiques tiennent une place prépondérante dans la transcription extrêmement naturelle de cet intégré.
Sur la musique Classique ou Jazz, le Lavardin fait réellement la différence avec bon nombre d'autres amplificateurs intégrés de sa catégorie. Il rivalise sans contestation possible avec certaines réalisations à tubes de haut niveau en matière de restitution des timbres, de chaleur de reproduction. Il ajoute à ces qualités essentielles les caractéristiques de rapidité propres aux transistors avec une excellente capacité à transmettre une quantité importante d'énergie. Nous conseillons vivement l'écoute de cet amplificateur à tous les passionnés de musique qui considèrent avant tout que la transcription sonore doit être la source d'un plaisir de tous les instants.
COMMENTAIRE DE NOS MESURES
Cet intégré est d'une stabilité de fonctionnement exceptionnelle. Sur charge capacitive, il se rétablit instantanément sans oscillation parasite. Ainsi même avec des enceintes aux modules d'impédances torturés dus entre autres à des filtres complexes. On ne risque pas à l'écoute de rencontrer de dureté ou d'acidité dans le haut médium aigu. Les dégradés des spectres de distorsion sont parfaits, prédominance des harmoniques pairs toujours agréables à l'écoute. Dans le grave, l'alimentation suit, pas d'inclinaison du plateau supérieur à 40 Hz. Un intégré étudié en tenant compte des réelles conditions de fonctionnement.
Rapport signal sur bruit : <89dB linéaire et <103dB pondéré
Puissance, les deux canaux en service, sur 8 Ohm : 2x33W pour 250mV.
Distorsion harmonique puissance max : <0,12%
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