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Scherzo
octobre 1999, Model IT(Espagne)
par Alfredo Orozco
LA ESCUELA FRANCESA : L'ECOLE FRANCAISE
"La pensée est le commencement de l'action (Miguel de Unamuno)
Il est bien possible que nous soyons devant un véritable évènement dans le domaine de l'électronique audio grace à un ampli récemment lancé par la société française Lavardin Technologies. Les premières informations élogieuses me parvinrent à travers certaines publications anglaises bien qu'auparavant, comme il est naturel, la presse française ait examiné le sujet, mais bizarrement sans le niveau d'enthousiasme de ses collègues britaniques.
Pour ma part j'ai découvert l'intégré Lavardin IT Référence dans le numéro d'avril 1999 de HI-FI World. Dans cette revue anglaise est publiée un test par J. Marks et une chronique, comme toujours du plus grand intérèt, de la plume de Noel Keywood.
Ce double article porte l'IT-Reference aux nues et il y est fait allusion, sans réserve, à une réelle avance dans le domaine délicat de l'amplification. Pour la première fois, que je sache, la presse britannique "Hi-fi" aborde un sujet de ce qui a été appelé "distorsion de mémoire", et qui apparait constituer l'axe ou la philosophie de base des designs Lavardin. Ce sujet vient rejoindre de manière directe l'éternel débat entre tubes et transistors.
Noel Keywood, dans son travail à HI-FI World, nous remet les idées en place considérant que : "si nous pouvons percevoir le son de la matière employée dans les résistances, les condensateurs et les cables, il n'y pas de raison pour que nous ne puissions pas percevoir la différence entre tube et transistor". Bien sur il s'agit d'une affirmation lapidaire et d'un débat presque aussi ancien que l'existence même de la haute fidélité.
Il me revient en mémoire un article de Donald Aldous "Transistos without tears" publié dans Hi-Fi News à la fin des années 70. De même pour une recherche publiée dans le numero 1 de l'Audiophile par Jean Hiraga intitulée "Visite chez un Audiophile japonais".
Peut-être convient-il de rappeler à ce propos les recherches de Peter Walter qui précédèrent le lancement de l'étage de puissance Quad405, bien que je doive préciser que je n'entends pas comparer celui-ci avec le Lavardin IT Reference. Ce que je prétends simplement, c'est de souligner le fait que depuis l'apparition sur le marché des électroniques à transistors, on n'a rien fait d'autre que d'avoir la nostalgie des tubes, ou du moins de certains aspects du son des tubes.
Jusqu'à ce que l'on arrive à un point clairement atteint dans les années 90, ou on peut affirmer qu'il y a plus d'électroniques à tubes qu'à transistors sur le marché.
Sans trop approfondir ce que je ne connais pas, il parait clair que les partisans des tubes préfèrent la distorsion de ceux-ci à celle, plus forte, des électroniques à transistors. Depuis toujours, j'ai eu comme une espèce d'intuition que le chemin de l'électron est plus simple dans le vide du tube qu'à travers le sandwich plus ou moins complexe du transistor.
Quand, dans les années 70, Yamaha a développé la technique des FET (Field effect transistors), ce qu'il ont vraiment essayé de faire a été que le saut de l'électron soit moins violent qu'à travers un bipolaire classique et par conséquent que la distorsion soit moins perceptible et le son plus proche que celui du tube ; toujours donc avec le même objectif.
Lavardin a donc découvert une nouvelle distorsion à laquelle s'attaquer. En plus des formes de distorsion déjà historiques comme la distorsion harmonique et la distorsion d'intermodulation, on doit rajouter maintenant la "distorsion de mémoire", qui bien sur n'apparait pas dans les électroniques à tube mais dans celles à transistors dans lesquelles, il parait, après le, passage des électrons dans le transistor il reste comme une espèce de flux qui vient perturber la propreté du son.
Il semble que le design de Lavardin corrige ce problème sans que naturellement nous sachions comment, étant donné que la "solution" constitue pour l'instant un secret industriel protégé par un ou des brevets appropriés.
Quand, grace à l'amabilité de l'importateur Style Sound, j'ai pu mettre l'IT Référence à l'épreuve de la musique, je connaissais déjà la littérature citée, et par conséquent les premières écoutes furent réalisées avec l'impatience qu'on peut supposer et une dose d'espoir importante.
Une fois allumé, l'appareil a été laissé en chauffe une quinzaine de minutes, puis la musique a commencé à s'écouler à travers mes vénérables Chartwel PM-450. Pour commencer, le 1er acte du Barbier dans la version légendaire de Varviso-Ghiaurov-Ausensi-Berganza. En plus d'une interprétation de référence, la prise de son est simplement fabuleuse. C'est un des grands albums DECCA des années 60.
Le travail de l'IT-Reference s'apprécie rapidement: un son très propre avec une dynamique exceptionnelle et un niveau d'information fantastique. Dans l'enregistrement cité, on distingue de façon claire la respiration des chanteurs qui, naturellement, doit être reproduite par l'appareil.
L'IT-Reference est parfait dans cette tache et, en ce qui concerne précisément ce disque, il se comporte comme un amplificateur exceptionnel.
La scène sonore de l'oeuvre en question est reproduite avec une précision et une générosité étonnante. Avant d'aborder d'autres oeuvres musicales, il a passé sans problèmes les plages du très utile disque de test Chesky: équilibre des canaux, profondeur de scène... A ce sujet je dois signaler que les informations de positionnement latéral donnent un résultat magnifique sans effet trompeur.
L'amplificateur Lavardin a du "punch", sans dénaturer son excellent nuancé. Pour éprouver ces deux extrêmes, rien de mieux qu'une version Symphonie innachevée. Pour cet essai, sous la direction de Mravinski, comme toujours à la tête de l'orchestre de Leningrad. Du pianissimo initial aux fortissimi du 1er mouvement, on découvre une étonnante capacité dynamique ...
Pour ne pas m'écarter du monde de Mravinski, je suis passé à Roméo et Juliette de Prokofiev puis à la formidable version de la Pastorale de Beethoven, à mon avis une interprétation de référence. Résultat splendide, comme pour les autres morceaux cités plus haut.
L'IT Reference est un intégré "niveau ligne" uniquement et d'une simplicité totale. Le panneau frontal ne contient qu'un sélecteur de source à 4 positions et un potentiomètre de volume, en plus naturellement du bouton poussoir d'allumage. De dimensions discrètes et d'un poids sans excès de 12Kg, son aspect extérieur est élégant. Le principal réside dans son coffret entièrement en aluminimum non magnétique. A l'intérieur de l'appareil apparait une impressionnante alimentation qui a certainement une influence dans les superbes résultats musicaux, indépendamment de ce que font ou ne font pas les transistors sans mémoire.
Il est évident qu'Héphaistos à parfaitement réussi la mise en pratique de ses théories expliquées dans la revue l'Audiophile. L'ensemble de ses articles constitue une véritable bible sur l'électronique audio. La pensée est le début de l'action.
Je recommande la lecture de son dernier article " "Quand le tube se décidera-t-il a mourir ? (n 42 de L'Audiophile, 4 trim. 1987) ou il defini le véritable débat tubes contre transistors.
La découverte de ce splendide amplificateur va dans le sens d'une idée que j'ai déjà exposée ; la France a un niveau très élevé en Hi-fi et une grande et glorieuse histoire dans le domaine de la technique et de la culture ; d'une certaine manière la Hi-fi embrasse ces deux concepts. Je me permets d'affirmer dans cet ordre d'idée que très probablement la France est actuellement en pointe sur ce marché comme l'Angleterre les USA et le Japon.
Nos voisins ont un marché très puissant qui s'accompagne d'un haut niveau chez les amateurs et surtout d'une équipe de chercheurs de grand prestige comme Jean Hiraga, Jacques Mahul, Pierre Lurné, Héphaistos, qui ont rendu possible la revue l'Audiophile.
Retournons à l'amplificateur objet de cette petite étude. Je suis presque sur qu'il faudra y revenir avec des commentaires plus détaillés dans un futur peut-être proche, comme je l'ai déjà fait par exemple avec l'enceinte acoustique LS3/5A. Meilleur est l'appareil, plus difficile est la découverte et l'analyse de l'ensemble de ses capacités.
N'avoir vécu que trois semaines avec le Lavardin Reference est sans aucun doute trop court. L'essentiel est dit mais je pense qu'il ne sera pas inutile plus tard de faire quelques comparaisons et analyses complémentaires.
Finissons en citant mon confrère critique britannique Paul Messenger quand on lui a demandé son opinion sur l'objet qui nous occupe : il a répondu catégoriquement "il me plait tant que je l'ai emporté chez moi".
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